Le Clézio, un prix Nobel franco-mauricien, le cheikh Ma el Aïnine et l’inévitable impérialisme étatsunien

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Le lieu commun veut que l’Académie suédoise, qui décerne le prix Nobel de littérature, ne choisisse que des auteurs inconnus et illisibles. C’est faux, comme le montre la liste des récents lauréats: Doris Lessing, Orhan Pamuk, V.S. Naipaul, Günter Grass, J.M. Coetzee et Dario Fo entre autres n’avient pas attendu les Dix-Huit pour se faire connaître au-delà d’un cercle intime. Parmi les plus récents, seuls Imre Kertész, Gao Xingjian ou Wislawa Szymborska sont sortis – très relativement – de l’anonymat international grâce au Nobel.

Le choix de l’écrivain franco-mauricien (il a insisté sur sa double nationalité lors de sa première conférence de presse, soulignant même qu’il se sentait mauricien avant tout (1) et assez peu français (2), ayant néanmoins précédemment dit ne pas considérer avoir de pays natal et se décrit comme un « schizophrène intercontinental« ) J.M.G. Le Clézio semble, pour le public francophone du moins, être un choix sans risque: un grand écrivain, reconnu en dehors des frontières de son pays, voyageur, multiculturel et plurinational. Pour tout dire, j’ai même lu un de ses livres, « Procès-verbal » (eh oui, on est juriste ou on ne l’est pas), et ai feuilleté « Désert » (« monument de la littérature du XX° siècle« , Aliette Armel dixit, tandis que Time estime que c’est son oeuvre majeure: « his most important novel is generally considered to be Désert, published in 1980 and largely set in the Moroccan Sahara » – on notera l’utilisation de l’adjectif « marocain« , qui correspond d’ailleurs à la perspective adoptée dans ce roman), dont un passage, celui décrivant une cérémonie religieuse de cheikh Ma el Aïnine auprès d’une tribu sahraouie, m’a très fortement marqué. J’avais apprécié le premier, mais n’ai jamais franchi le seuil du second – un oubli à réparer. Ca fait des années que je ne lis presque plus de littérature, et le dernier prix Nobel dont j’avais lu au moins une oeuvre avant sa consécration est Harold Pinter.

Le choix du Maroc et d’un des principaux personnages historiques marocains de ces cent dernières années, le cheikh Ma el Aïnine, dans Désert (où il décrit notamment les massacres commis par la colonne Mangin, formation militaire française qui combattit Ma el Aïnine) n’est pas fortuit: Le Clézio s’est marié, en secondes noces, à la sahraouie marocaine Jemia (issue de la tribu des Laaroussiyine). Il a par la suite écrit, avec elle, un ouvrage sur le Sahara marocain, « Gens des nuages« , empreint de sympathie pour le mode de vie nomade – thème récurrent de son oeuvre, et il se déclare bouleversé par sa rencontre avec une tribu panaméenne, les Embéras.

Voici par exemple ce qu’il écrit sur les Laaroussiyine:

 » Ils sont les derniers nomades de la terre, toujours prêts à lever le camp pour aller plus loin, ailleurs, là où tombe la pluie, là où les appelle une nécessité millénaire et impérieuse… Sans doute n’avons-nous compris qu’une part infimede ce que sont les Gens des nuages et n’avons-nous rien pu leur donner en échange. Mais d’eux, nous avons reçu un bien précieux, l’exemple d’hommes et de femmes qui vivent -pour combien de temps encore ?-leur liberté jusqu’à la perfection. « 

Fils d’un médecin colonial britannique (décrit dans son livre « L’African« ), Le Clézio est ferme sur les bienfaits de la colonisation tels qu’avancés généralement dans le débat français:

La question du colonialisme revient souvent dans votre livre. Que pensez-vous du débat sur les «bienfaits» de la colonisation qui s’est passé en France ?

Je me suis demandé pourquoi un tel débat, à mon avis obsolète, sans doute de basse politique. On ne peut trouver une seule raison de justifier le système colonial, même s’il y eut des gens exceptionnels, comme le fut mon père. Je sens bien que, même si je n’ai aucune part dans ce qui s’est passé, j’appartiens à cette histoire-là.

Il voit les anthropologues comme des instruments de la colonisation:

Vous rangez les anthropologues parmi les catastrophes qui ont accablé ces peuples ?

Sans aller jusque-là, je pense que la présence des anthropologues a été très dure pour eux, car à travers leurs travaux scientifiques, le système colonial s’est installé de façon plus profonde. L’anthropologie a une face sombre.

Dans ce même entretien à Télérama, il fustige l’exotisme colonial dans la peinture:

Dans Raga, vous citez le cas de la peinture de Gauguin et, à travers lui, de l’exotisme, qui a été une forme d’exploitation…

J’ai été invité, il y a quelques années, aux Marquises et à Tahiti, pour une célébration de Gauguin. A l’endroit où se tenaient les conférences, j’ai parlé avec un groupe d’étudiants qui protestaient contre ce qu’ils considéraient comme une célébration du colonialisme. Ce qui les gênait, c’était cette présentation très tendancieuse faite par Gauguin de l’homme et de la femme polynésiens, c’est-à-dire des gens paresseux, indolents, dociles, de bons sauvages. Il ne s’agit pas bien entendu de mettre en cause l’art de Gauguin, mais on ne peut nier que sa peinture est dépositaire aussi de cette « face sombre » dont je parlais à propos de l’anthropologie. Le Journal de Gauguin, et notamment la présentation très convenue de la femme tropicale, sensuelle et soumise, qu’on y trouve, est pour moi une lecture insupportable. Surtout lorsqu’on sait à quel point ont été féroces et violents les combats entre les Tahitiens et les troupes coloniales. Car il n’y a pas un endroit au monde où la colonisation s’est passée de manière tranquille et gentille.

L’expérience coloniale est pour lui une obsession:

J’appartiens à l’Occident colonisateur, ça ne fait aucun doute. Ma famille a colonisé l’île Maurice à la fin du XVIIIe siècle – il s’agit de la colonisation anglaise, mais c’était la même chose –, je compte certainement des esclavagistes parmi mes aïeux. Ma génération n’a certes pas fait la colonisation, mais elle a été témoin de ses derniers instants, au Maroc, en Algérie, en Afrique occidentale, partout dans le monde. De ce sentiment que j’ai d’appartenir au groupe humain qui a commis ces exactions est née mon obsession de ce chapitre de l’histoire. Conrad a très bien exprimé ce que je ressens, à travers le personnage de Marlow, dans Au cœur des ténèbres. Marlow est un personnage trouble, issu de la colonisation britannique, animé par un esprit autocritique, fasciné et attiré par le caractère instinctif des peuples d’Afrique, mais incapable d’y adhérer totalement. Je suis comme ça, occidental indéniablement, mais méfiant vis-à-vis de tout ce qui est trop intellectuel, trop rationnel, attiré par la magie, le surnaturel, les endroits où le présent et le passé cohabitent mystérieusement et naturellement – c’est le cas au Vanuatu.

Il est pour la reconnaissance des crimes coloniaux par les anciennes métropoles:

Suivez-vous les débats qui entourent les revendications mémorielles des peuples anciennement colonisés, les polémiques autour de la repentance ?

Il me semble sain qu’on parle enfin de l’histoire coloniale française – et on n’en parle pas encore assez. Il n’est pas question de se mortifier, mais il faut purger cette ancienne maladie qui existe toujours : le racisme, le sentiment de supériorité. Aux Antilles, vous entendez encore des Blancs qui parlent des Noirs comme de grands enfants indolents et indécis. C’est terrible. Tout effort de mémoire est salutaire. Il ne s’agit pas de recourir aux lois et aux décrets pour écrire l’histoire. Non plus que d’utiliser les grands mots, de parler de génocide. Plus simplement, il y a une responsabilité des colonisateurs vis-à-vis de ces petits pays, anciennes colonies aujourd’hui à l’abandon, qui vivent pratiquement de la charité internationale. La France doit amener à l’âge adulte des pays qu’elle s’est employée si longtemps à maintenir en enfance.

Il l’a réitéré sur le site officiel de la fondation Nobel:

[AS] You also write about the colonial experience a lot. Do you feel it’s important for modern European culture to examine its past in this way?

[J-MGLC] Yes, because I feel, it’s my feeling that the, Europe, and I would say also the American society are – it owes a lot to the people that submitted during the colonial times. I mean the wealth of Europe comes from sugar, cotton, from the colonies. And from this wealth they began the industrial world. So they really owe a lot to the colonized people. And they have to pay their debts to them.

Il affirme sa haine de la colonisation:

Diên Biên Phu, c’est 1954. J’ai 14 ans. Et je me souviens très bien avoir eu le sentiment presque physique qu’on était arrivé à la fin d’un cycle, d’une ère, des impérialismes et des colonisations. Même sentiment avec la guerre d’Algérie. Nice me renvoyait constamment à cette réalité avec sa population d’immigrés, ces gens arrachés à leurs milieux d’origine, ces Algériens ou ces Vietnamiens qui étaient parqués près de la gare. Moi-même, j’étais un chat errant. Si je devais résumer ma vie, je dirais que j’ai non seulement assisté au spectacle de la décolonisation mais aussi vécu, grâce à mon père, la haine de la colonisation et du bien-être européen.

Il n’est pour autant radical dans ses propos – son père, médecin colonial britannique, revient dans ses propos pour réfuter une quelconque responsabilité collective:

Il y a fort longtemps, j’étais à Lille pour une rencontre, organisée par Pierre Mauroy, sur la question de la responsabilité vis-à-vis du tiers-monde, en particulier des pays anciennement colonisés et aujourd’hui abandonnés. J’avais adhéré à toutes les idées très généreuses des socialistes à l’époque, et j’avais terminé en disant que je tenais à signaler que, même si je condamnais cela, mon père était quelqu’un de bien. Je n’aurais pas dû le dire, car j’ai été littéralement pris à partie violemment par des Africains (très radicaux je suppose) qui disaient que c’était honteux d’entendre des choses pareilles. Je persistais, disant bien que je ne faisais pas une généralité, mais que je tenais seulement à signaler que, chez ces administrateurs, il y avait des gens qui croyaient à la République, qui pensaient qu’ils apportaient quelque chose, que les médecins venaient vacciner et que, même s’ils participaient au système colonial, ils venaient aussi donner quelque chose d’eux-mêmes.

Il revendique le multiculturalisme et le métissage:

La culture française est une culture de métissage. La langue française a reçu des apports de tous les coins du monde, et ça continue. Ce qui est merveilleux avec la culture française, c’est qu’elle est un lieu de rencontres.

Idem:

En fait, les cultures sont toutes métisses, mélangées, y compris l’occidentale, faite de nombreux éléments venant d’Afrique, d’Asie. On ne peut pas faire barrage au métissage. Et la modernité est aussi bien japonaise, coréenne, chinoise qu’européenne ou américaine. (L’Express du 16 octobre 2008

C’est en tant que déraciné qu’il revendique la patrie des lettres – francophone en l’occurence:

Je me suis piégé moi-même. L’île Maurice dans laquelle je baigne depuis mon enfance est celle des légendes qu’on m’a racontées, pas celle de maintenant. Pourtant, la maison familiale où mes ancêtres ont vécu existe toujours, mais ce n’est qu’une image. Le Nouveau-Mexique, oui, j’y vis une partie de l’année, parce que le désert m’appelle, mais sans avoir le sentiment d’y appartenir vraiment. Nice, j’y retombe presque fatalement mais sans aucune émotion lorsque je passe devant la clinique où je suis né, devant l’immeuble quelconque où j’ai grandi pendant que la guerre se déroulait. Enfin, je ne connais pas Paris, où je me promène avec émerveillement, mais comme un étranger dans une ville désormais dédiée aux touristes. Je souffre d’un manque d’appartenance. J’envie les Indiens qui sont accrochés à leur terre comme un minéral ou un végétal. Moi, je suis de nulle part. Ma seule solution est d’écrire des livres, qui sont ma seule patrie.

Et encore ici:

J’envie ceux qui ont une terre natale, un lieu d’attache. Moi, je n’ai pas de racines, sauf des racines imaginaires. Je ne suis attaché qu’à des souvenirs

Et il ne croit pas au conflit des civilisations:

« Je ne crois pas qu’il y ait « nous » et « les autres », le monde occidental d’un côté et, de l’autre, une sorte de monde barbare, à l’affût de la moindre de nos faiblesses. »  L’Express du 10 octobre 2008

Où en sont selon vous les rapports entre l’Occident et le tiers-monde?
Je ne crois pas à un affrontement. Je déteste Huntington et sa théorie du «choc des civilisations». J’avais même écrit un pamphlet intitulé «Contre Samuel Huntington», que je n’ai pas publié. L’Express du 16 octobre 2008

Son ouverture sur le tiers-monde, son rejet sans équivoque de la colonisation, le prédisposent, hélas pour beaucoup de critiques qui lui préfèrent la misanthropie (et islamophobie) d’un VS Naipaul (la lecture de la récente biographie de cet écrivain acariâtre qui battait, insultait et trompait sa femme est sans doute plus croustillante que ne le serait celle de Le Clézio) ou d’un Michel Houellebecq (comme le relève The Times), à ne pas donner dans la haine, le mépris ou la rancoeur.

Dès lors, parmi les réactions négatives, il y a certes les reproches quant au pathos de Le Clézio – « littérature caritative » (Jérôme Garcin), « Parfümierter Sozialkitsch » (« du socio-kitsch parfumé » – Die Presse), « Nobelpreis-Vergabe enttäuscht Kritiker » (« l’attribution du prix Nobel déçoit les critiques » – Der Spiegel), sans compter la version anglaise d’Al Ahram (« his comparative obscurity, at least internationally, and (…) the Academy’s presentation of Le Clézio as a kind of standard- bearer against the dominance of the English-language and against American literature in particular« ) – mais l’artillerie lourde est venue de France et des Etats-Unis.

De France, ou plutôt de Nouvelle-Zélande où exerce l’universitaire et écrivain Frédéric-Yves Jeantet, est venue la charge lourde – « Jean-Marie Le Clézio ou le Nobel immérité » – axée sur l’absence de style supposée de Le Clézio et de son trop grand nombre de lecteurs – l’auteur compare Le Clézio à Amélie Nothomb et Alexandre Jardin (il aurait pu faire pire – comparer Le Clézio à BHL, Houellebecq ou Sollers par exemple). Cette charge a été ressentie comme excessive, en tout cas par de nombreux confrères de Jeantet, comme l’a relevé The Times Literary Supplement qui y a consacré un article, « Le Clézio, le backlash« .

Les commentateurs étatsuniens avaient été particulièrement vexés par les déclarations stupides de Horace Engdahl, secrétaire perpétuel de l’Académie suédoise, sur la littérature étatsunienne qui serait ignorante et provinciale (encore que… le dernier article du New York Review of Books consacré à Le Clézio remonte à… 1981, et « Désert » n’y a jamais été recensé), et certains ont ainsi tenté de faire valoir que l’idéologie véhiculée par les romans de Le Clézio serait désuète, de par son exotisme, par rapport au courant post-colonial.

Pour d’autres, plus nombreux semble-t-il, JMG Le Clézio fait figure de victime collatérale de la guerre des civilisations Etats-Unis/Europe (Mark Lawson du Guardian, s’il n’écarte pas cette optique, conclut plutôt sur le goût de l’Académie suédoise pour les auteurs expérimentaux, ce que Le Clézio fût jusqu’à « Désert« ). Un exemple caricatural en est fourni dans un article du Wall Street Journal, sans doute pas un bastion de francophilie:  un écrivain étatsunien vivant à Paris, Richard Woodward, qui se pique de ne rien avoir lu de Le Clézio avant l’annonce de sa nomination (« I am not alone in never having read a word by J.M.G. Le Clézio until he was awarded the 2008 Nobel Prize in literature earlier this month« ) voit dans le choix de Le Clézio une victoire de l’idéologie progressiste, à laquelle serait vouée l’Académie suédoise:

As for the Swedish Academy’s tendency to favor writers who espouse liberal internationalism — one reason Pearl Buck and Bertrand Russell claimed the prize, while Celine and Nabokov did not — it’s fair to say that Mr. Le Clézio’s sympathies for the disappearing cultures of the world didn’t hurt his chances

Woodward fait cependant une analyse intéressante de l’évolution de l’oeuvre leclézienne (il adore « Terra Amata » – «  »Terra Amata, » translated into English in 1967, combines his game-playing as the author with a savage lyricism reminiscent of Thomas Hardy« , « it fully displays Mr. Le Clézio’s gift for, in the words of the Nobel Committee’s citation, « poetic adventure and sensual ecstasy. »« ), notant justement que ses deux oeuvres les plus célèbres, ¨Procès-Verbal » et « Désert » datent respectivement de 45 et 28 ans, et relevant l’inflexion du style, proche du nouveau roman au début de sa carrière pour devenir plus traditionnelle à compter de « Désert« :

With the publication in 1980 of « Désert, » set in the western Sahara during 1909-10, Mr. Le Clézio turned his back on experimentalism in favor of coherent storylines and less agitated prose. The Académie Française created a special prize to honor the book and by extension this new phase of his career.

(…) Mr. Le Clézio’s support among New York publishers was steady through his early books. Several were issued here by Atheneum, and all were widely and favorably reviewed. Automatic translation into English of every new work seems to have stalled after he became a more traditional novelist, so it’s hard to blame his faint reputation here on the dumbing down of America.

Il n’est pas le seul à voir ce choix comme un choix politique contre les Etats-Unis: les réactions relevées par l’excellent blog littéraire étatsunien The Literary Saloon – qui partage cependant le constat d’Engdahl sur le parochialisme littéraire étatsunien, tout comme d’ailleurs nombre d’éditeurs, professeurs, traducteurs et auteurs étatsuniens cités dans une enquête d’Inside Higher Education – le montrent bien, de même que la réaction de Peter Stothard du Times Literary Supplement (qui note que « this year’s winner of the Nobel Prize for literature loves America—the America before Columbus arrived most of all« ).

La chronique la plus débile en ce sens est sans aucun doute celle de Gerald Warner, « Ideological bias demolishes Nobel intentions » dans Scotland on Sunday – on y apprend que les dictatures militaires argentine et chilienne étaient de centre-droit (« Jorge Luis Borges was excluded because of his sympathy with right-of-centre governments in Latin America« ) – à cette aune, Pol Pot était de centre-gauche – et le principal reproche à Le Clézio est d’être trop multiculturel et anti-colonialiste:

This year’s Nobel winner, Clézio, might have been computer-generated to receive the laureateship. Franco-Mauritian by origin, married to a Moroccan, preoccupied with pre-Columbian American civilisation, he typifies the progressive, anti-colonialist mentality that ticks all the boxes in Stockholm.

Pour être tout à fait franc, les réactions étatsuniennes à l’annonce de l’attribution du Nobel à Le Clézio confirment partiellement a posteriori les remarques méprisantes de Horace Engdahl sur le provincialisme étatsunien – dans ce cas, celui des éditeurs (à ne pas confondre avec les auteurs, d’une richesse considérable – Don de Lillo, Philip Roth, , puisqu’il semble qu’aucune grande maison d’édition outre-Atlantique n’envisagerait de rééditer ses oeuvres majeures:

« I just talked to an editor at a big house who doesn’t think any of the commercial houses will go after him. Even with the Nobel, there are too many books, many of which still wouldn’t sell well enough to justify this. »

Le Désert devrait cependant être publié (pour la première fois!?) outre-atlantique en 2009, soit près de trois décennies après sa publication en version originale… Comme l’admet The Literary Saloon, l’absence d’intérêt de l’édition étatsunienne pour ce qui s’écrit à l’étranger dans des langues étrangères est hélas bien réel et disproportionné en comparaison avec l’importance de la traduction d’oeuvres littéraires étrangères en Europe:

« the American reactions suggest that the American literary scene is almost entirely inward looking. If so many, especially those who are constantly discussing and dealing with literature (as, for example, so many literary webloggers are), are unfamiliar with an author of Le Clézio’s stature, what hope is there of any international dialogue ? ».

L’autre volet des critiques émane de France, où cet écrivain atypique, qui se considère à peine comme français, est marginalisé dans un monde littéraire parisien nombriliste et hyper-médiatique. Mais, tout comme aux Etats-Unis, c’est surtout sur le plan idéologique que la charge est sonnée: dans une France nationaliste, jacobine et intolérante face à l’expression publique des différences (qu’il s’agisse du voile, du mariage homosexuel ou des langues minoritaires) qu’elle qualifie de communautarisme (nouvelle tare idéologique), cet apatride assumant son statut, revendiquant son multi-culturalisme et vomissant le colonialisme ne pouvait que mal passer auprès de certains. Horace Engdahl l’avait bien dit: « he is not a particularly French writer if you look at him from a strictly cultural point of view » – et devinez quoi, c’est justement ce que lui reprochent certains.

Le pompon est sans conteste remporté par Elisabeth Lévy, qui est au débat médiatique français ce que sont les CRS ou les mroud au maintien de l’ordre: elle cogne d’abord et réfléchit après. Elle commence fort: « Le lauréat français du prix Nobel de littérature a une formidable qualité : français, il ne l’est pas vraiment« . Et elle enfile les perles, voire les inexactitudes – ainsi, Le Clézio ne revendique pas un quelconque « nomadisme », et dit au contraire détester se voir accoler ce qualificatif (3) – il ne fait que décrire sa situation personnelle, un individu d’origines diverses qui ne se sent pas rattaché à un pays particulier, si ce n’est l’île Maurice. Elle écrit également: « Il est vrai cependant que Le Clézio est certainement moins français que Roth n’est américain« , « Si l’œuvre que vous avez entre les mains ne participe pas “au grand dialogue de la littérature”, si elle pue le terroir, vous perdez votre temps » et autres saillies ironiques sur l’abominable multiculturalisme littéraire qui méprise les terroirs et bafoue la souveraineté nationale – « Certes, il se trouve encore quelques réacs pour penser qu’un écrivain, serait-il tourné vers le grand large, habite une langue et par conséquent une culture. C’est qu’ils n’ont pas encore compris que le grand métissage des langues et des cultures rendra bientôt obsolètes ces vieilles distinctions« .

Il se trouve que la France ne manque pas d’écrivains arc-boutés contre le multiculturalisme permissif – de Houellebecq à Eric Zemmour en passant Maurice G. Dantec, la résistance au diktat multiculturaliste suédois ne manque pas de recrues. Il se trouve également que leur oeuvres ne sont peut-être pas tout-à-fait à la hauteur d’un « Procès-verbal » ou d’un « Désert« , indépendamment des opinions respectives sur la colonisation ou la guerre des civilisations. Ceux qui ont le masochisme de me lire connaissent ma tendresse pour le jacobinisme en général et l’idéologie nationale-républicaine en particulier – inutile de dire que de telles attaques contre Le Clézio, de personnes comme Elisabeth Lévy, fantassin de l’armée médiatique de l’idéologie républicaine (il faut l’entendre dès qu’il est question d’islam, de communautarisme, de racisme, de banlieues, d’insécurité, de colonisation, de Palestine – on dirait un merda face à une manifestation de diplômés-chômeurs), ne peut que m’inciter à une grande sympathie, qui s’ajoute au respect de l’oeuvre littéraire. Pour citer le bloggeur Argoul, « Jean Marie Gustave Le Clézio est récompensé par le Nobel comme « écrivain en français » qui a répudié toute arrogance française et toute bonne conscience occidentale. Il veut interroger le monde, pas son nombril. Et c’est plutôt rare« .

Ah, j’oubliais: BHL, qui n’est pas tout-à-fait assimilable à Houellebecq et cie, avait autrefois fustigé Le Clézio comme étant « un anti-sioniste déchaîné » – le crime de Le Clézio était d’avoir publié un article dans la Revue d’Etudes Palestiniennes… BHL, dont Le Clézio est la parfaite anti-thèse, lui qui privilègie le travail d’écriture sur les apparences médiatiques, bref le savoir-faire plutôt que le faire-savoir, comme le note Jérôme Garcin:

Le lendemain de l’attribution du Nobel de littérature, Houellebecq et Lévy étaient les invités de France-Inter. Interrogés sur Le Clézio, le premier a bredouillé qu’il ne l’avait jamais lu et le second s’est tu. Leur silence était éloquent. Il exprimait tout ce qui sépare les «ennemis publics», qui sont des stratèges de la communication et ont un fiévreux souci de leur image, de l’auteur de «Désert», qui se cache pour écrire et ne s’est jamais préféré. C’est un candide, et ils sont si rusés.

Mais le fossé est plus profond. Houellebecq et Lévy adorent leur époque, à laquelle ils collent parfaitement et dont leurs livres, pourtant différents, sont les miroirs grossissants; Le Clézio la déteste, la fuit, la combat, c’est, ont dit les Nobel, «un écrivain de la rupture». Il préfère les maisons en pisé du Michoacan aux gratte-ciel de New York et les mirages des mondes disparus aux chimères de la mondialisation.

Le procès idéologique fait à Le Clézio ne provient pas seulement des rétrogrades prêcheurs de l’idéologie républicaine, qui reprochent à Le Clézio de ne pas être assez franchouillard, mais également de personnes qui l’accusent de ne pas être assez engagé – « humanisme glacé » dit par exemple l’écrivain franco-algérien Mouloud Akkouche, qui agrémente son propos d’accusations personnelles gratuites pour faire bonne mesure. Et le manque d’engagement de façade de la part de Le Clézio explique peut-être l’étonnante léthargie de certains face à la consécration mondiale d’un écrivain inflexible dans sa condamnation du colonialisme, français ou autre, et qui cite Aimé Césaire dans son discours lors de la remise de son prix, ainsi que Jalal-eddine Roumi, Khalil Gibrane, Vénus Khoury Ghata et Abdourahman Waberi, sans compter Gramsci, Sartre et John Reed.

Pour être honnête, les réactions positives – The Literary Saloon détaille les nombreuses réactions internationales – sont tout aussi nombreuses: de la part de son compatriote, l’écrivain mauricien Umar Timol (« on emprunte un livre et on réalise, très vite, qu’il y aura un avant et un après, que tout, ou presque, va changer« ), le critique parisien Jérôme Garcin, bien connu des auditeurs du Masque et la plume (« Le Clézio, l’ami public« ), l’autre critique parisien Jean-Louis Ezine (« Noble nomade, Nobel« ), l’écrivaine française Aliette Armel (« je n’ai croisé personne qui ne se réjouisse de cette distinction couronnant une œuvre jugée avec une rare unanimité comme parfaitement digne de son élévation au Panthéon mondial, une œuvre au centre de laquelle s’élève ce monument de la littérature du XX° siècle, Désert « ), l’écrivain suédois Ola Larsmo (« The walls between people are very thin« ), le newsmagazine étatsunien Time (« French Novelist Le Clézio: A Nobel Surprise« ), Télérama (« Le Clézio, le feu et la grâce« ), le New York Times (qui cite deux professeurs de littérature française, Bronwen Martin et Antoine Compagnon, positifs à son égard) (4), The Guardian (« the latest Nobel laureate is a genuinely brilliant author« ), la radio publique étatsunienne National Public Radio (« Le Clezio, Portrait Of A Gentle Writer« ), The Independent (« The best writers aren’t all English« ), Dagens Nyheter (qui le qualifie d » »un des plus grands écrivains de son temps« ), et j’en passe.

Le critique franco-marocain Pierre Assouline fait de judicieuses remarques, comme à son habitude entremêlées de considérations qui le sont moins: ainsi, il ne tombe pas dans le piège d’un prix Nobel « idéologique« :

Tant et si bien qu’on a rarement vu écrivain si dégagé, si retranché, si préservé des miasmes de l’actualité et de la chronique des évènements courants (excepté les débats sur le colonialisme, qui le touchent de près en tant que descendant de Mauriciens blancs).

Assouline fait également quelques remarques perspicaces sur le discours prononcé par Le Clézio lors de la cérémonie de distribution du Nobel, discours intitulé « La forêt des paradoxes » et contenant quelques perles, dont « S’il y avait eu internet, il est possible que Hitler n’eût pas réussi son complot mafieux – le ridicule l’eût peut-être empêché de naître« … Mais il reproche à Le Clézio de ne pas avoir entamé un haka en faveur de la langue française et de ne pas avoir épaté le bourgeois, ce qu’un Houellebecq sait mieux faire, dommage seulement pour les amateurs d’épate qu’il écrive beaucoup moins bien que Le Clézio.

Mon verdict? Un grand écrivain – un passage qui m’a marqué de « Désert » (que je n’ai pas lu dans son intégralité) est un de ceux – avec les trois premières pages de « L’homme sans qualités » de Robert Musil, un passage de « Les désarrois de l’élève Törless » du même Musil, la fameuse parabole de la porte de la Loi dans « Le procès » de Kafka, et un passage de « Ormen » de Stig Dagerman – m’ayant le plus frappé de toutes mes lectures littéraires. Les critiques idéologiques à son encontre me le rendent encore plus sympathique, il va sans dire.

Quelques liens pour finir:

l’intéressant entretien officiel accordé par Le Clézio à Horace Engdahl, secrétaire perpétuel de l’Académie suédoise – ce dernier a cependant tendance à accaparer la discussion, ce qui n’étonnera pas ceux qui le connaissent pour l’avoir vu et entendu – notez au passage l’accent français mâtiné d’américain de Le Clézio lorsqu’il s’exprime en anglais…

le site qui lui est consacré par un admirateur finlandais, Fredrik Westerlund, malheureusement plus mis à jour;

– le dossier sur Le Clézio sur Bibliobs.com;

– Le Clézio vu par lui-même (tiré du « Dictionnaire des écrivains contemporains de la langue française par eux-mêmes »);

ce que Le Clézio sauverait du XXeme siècle (paru dans la Quinzaine littéraire);

une émission d’Apostrophes avec Le Clézio de 1980;

– « J.-M. G. Le Clézio et le sable des mots« , de Claude Cavallero;

– « Entretien avec JMG Le Clézio : “La littérature, c’est du bruit, ce ne sont pas des idées.”« , dans Télérama

– « A Frenchman and a geographer« , article de 2005 (The Times) – « we are a long way from the weary nihilism of Michel Houellebecq« …

– une bio- et bibliographie

– une étude de Catherine Kern, « J.M.G. LE CLÉZIO, ÉCRIVAIN DE L’AFRIQUE« ;

le site de l’Association des lecteurs de Le Clézio;

entretien croisé avec Le Clézio et Amin Maalouf (L’Express, 2004);

– entretien – « La langue française est peut-être mon véritable pays » – publié sur le site du ministère français des affaires étrangères (2005);

-enfin, s’agissant de l’attribution du prix Nobel de littérature, voici les règles de nomination et d’attribution telles que présentées sur le site de l’Académie suédoise

(1) Voici ce qu’il dit au site officiel de la Fondation Nobel:

[AS] And given that you were brought up in many countries and you’ve lived around the world, is there anywhere that you consider to be home?

[J-MGLC] Yes, in fact, I would say that Mauritius, which is the place of my ancestors, is really the place I consider my small homeland. So, this would be Mauritius definitely.

Lors de la conférence de presse suivant l’annonce de son prix Nobel, il a également déclaré:

C’est aussi au nom de l’île Maurice que je suis très heureux d’avoir reçu ce prix. L’île Maurice est une petite nation indépendante, qui ne reçoit aucune subvention pour la culture française, et qui, malgré cela, se bat pour faire vivre la langue française. (…) Je suis d’une famille mauricienne, un émigré de la deuxième génération, descendant de gens qui ont choisi de vivre en France.la France est ma patrie d’élection pour la culture, pour la langue. Mais ma petite patrie, c’est l’île Maurice. Quand j’y vais, je sens que j’arrive chez moi.

(2) Dans un entretien datant de 2005, il dit ainsi:

En France, je me suis donc toujours un peu considéré comme une « pièce rapportée ». En revanche, j’aime beaucoup la langue française qui est peut-être mon véritable pays !

(3) Voici ce qu’il déclare dans un entretien accordé à Libération:

Voilà quelques expressions utilisées pour vous décrire : «l’aventurier», «l’écrivain de l’évasion», «le gens des voyages», «le nomade», «l’amoureux de l’errance». Mais vous n’aimez pas qu’on vous qualifie d’écrivain voyageur, que vous traitez parfois de «touriste voyageur»…

Je déteste, en effet, tous les mots que vous venez d’énumérer. Aventurier surtout, parce que je ne crois pas du tout que l’aventure existe aujourd’hui.

(4) Voici ce qu’ils disent à son égard:

“The latter part has a very contemporary feel,” said Antoine Compagnon, a professor of French and comparative literature at Columbia University. “It has an openness to others, to other cultures, to the South, to minorities. This is a very current sensibility.”

Bronwen Martin, a research fellow in the French department at Birkbeck College in London, said Mr. Le Clézio’s work had recently become more popular among academics. “I think it’s because of his more explicitly postcolonial work,” said Ms. Martin, who has written two books on Mr. Le Clézio’s writing.

37 Réponses

  1. « Désert » est en effet un livre superbe. Je me souviens aussi d’un texte étrange et envoûtant, « L’extase matérielle », qui m’avait beaucoup frappée quand je l’ai lu il y a de nombreuses années. Même si je suis loin d’avoir lu toutes ses nombreuses œuvres, j’ai été contente d’apprendre que Le Clézio avait obtenu le Nobel. Le comparer à Alexandre Jardin est ridicule.

  2. IK,

    Le Clézio est vraiment un écrivain magnifique. Style simple, écriture limpide , une vraie passion pour ce qu’il y a de plus humain en l’Homme et puis d’une remarquable sincérité.

    Etant une inconditionnelle de Milan Kundera, je me disais que cette année le Nobel serait pour lui….pas de bol… mais, J.M Le Clézio a été une superbe surprise.

  3. Amina: Kundera est peut être top grand public pour les 18, et il faut dire que l’article de presse l’ayant accusé d’être un indic de la police politique communiste ne l’a sans doute pas aidé.

    sanaa: effectivement, c’est aberrant.

  4. Beau article.

    Wassel ! 😀

  5. Superbe article et exhaustif avec ça, bravo !

  6. Tu tiens un des meilleurs blogs non-professionels au monde.

    Merci. Merci milles fois d’exister.

  7. @lixy « Tu tiens un des meilleurs blogs non-professionels au monde. »

    Non porfessionnel ? vraiment ? comment le finance t-il ? n’est-ce pas un investissement colossal en temps que de tenir à jour un blog avec autant de bibliographie ? bcp de non professionnels, qui ne manquent pas de talents; cependant, abandonnent faute de temps et de finance.
    Ik , travaille t-il ? si oui , il faut bien se payer sur le temps de son travail et devient de facto propriétaire de blog professionnel. A moins qu’il soit un rentier .

  8. Cher Ibn Kafka,
    comme les autres lecteurs, je suis vivement impressioné par l’ampleur et l’intérêt de ton article. Je me sens dépassé par les multiples reférences et lins, mais je voudrias tout de même signaler qu’il y a eu une prise de parole très intéressante avant même le Prix Nobel, du romancier et essayiste Camille de Toledo, qui dans son pamphlet « Visiter le Flurkistan » analyse de façon critique , sarcastique et aussi constructive les raccourcis appauvrissants quei découlent du Manifeste des « écrivains-voyageurs », pour une « littérature-monde » en français, et qui faisaient de Le Clézio un peu le porte-étendard.

    Merci et félicitations,
    Abdullah.

  9. […] Originally posted here: Le Clézio, un prix Nobel franco-mauricien, le cheikh Ma el Aïnine et l’inévitable impérial… […]

  10. @ IK

    Merci pour ce beau billet sur un grand écrivain.

  11. @Abdel: Faut un peu sortir de la mentalite du 20eme siecle. L’internet casse les regles classiques. Regarde les centaines de wiki edites principalement par des volontaires. Oui, c’est un investissement enorme en temps et energie mais c’est dans le but de pousser l’humanite en avant (le but avoue de Kaf est surement plus modeste que ca). Le nombre de produits GPL, de medias non-lucratifs, d’outils collaboratifs, etc.

    Je ne sais pas comment il fait pour gerer son temps s’il a un emploi a temps plein a cote, mais ce n’est pas si extraordinaire que cela (quoi qu’impressionant!). Au lieu de regarder la tele ou de flaner, peut etre qu’il prend plaisir a partager ses analyses avec la communite. Je n’en sais rien et toi non plus. Et rentier ou pas, on s’en fout pas mal. Ca ne regarde que lui. Il est clair que le gars — pardon, le Maitre — ne considere pas la tenue de cette page comme profession. Nous aurions autrement droit a de la pub. Perso, s’il y avait moyen de lui envoyer des sous, je n’hesiterais pas tellement la qualite de ce qu’il produit est bonne.

    Et si possible, arrete de faire dans la semantique a deux balles et speculation sur sa vie personelle.

  12. cependant Ibn Kafka le principe de balayer devant sa porte n’est pas si mal , démontré , du solide .
    Je me demandais justement si les bandes qui sont allées manifester à frankfort contre l’islamisation de l’europe criaient A bas l’impérialisme américain , drole ? Non ?

  13. @lixy : tu es parti trop loin ! mon étonnement porte sur le « blogs non-professionels  » . Je dis simplement qu’il ne peut l’être au sens où s’entend le « non-professionnel » : à but non lucratif et non financé d’une manière ou d’une autre. ( il peut être financé sur le temps de son travail s’il a un travail dans une entreprise ; ce qui semble être le cas, dixit son sujet sur le viagra . )
    Bcp de blogs non professionnels sont arrivés à un moment où ils sont obligés de se mettre en vacances pour quelques temps : travail oblige.
    Un blog, notamment le sien, qui demande sans doute un travail de recherche, de classement, de recoupement … etc a forcément besoin de bcp plus de temps que celui « volé à la télé » . Même si ses sujets favoris portent sur tout ce qui semble avoir un rapport avec le sionisme – à en devenir un spéciliste- et les rendent donc plus facile à traiter de par l’abondance de « littérature » de tout genre traitant du phénomène, il a besoin de ses journées quasi entières pour entretenir son blog comme il le fait .
    la question de la finance se pose forcément si son blog n’est pas professionnel . tu as tendu la perche , je l’ai saisie !

  14. @lixy : « Et si possible, arrete de faire dans la semantique a deux balles … »

    Décidément, chasser le naturel, il revient au galop . J’ai le droit d’emettre mon opinion . Il peut ne pas la laisser passer s’il en a envie. Pour ce qui est de la valeur de mes questions , je ne sais pas comment tu peux les quantifier pour en arriver à 2 balles . Si je me fies à ton débit, j’en conclu que tu n’as pas compris le sens de mon commentaire et tu as démarré au 1/4 de tour .
    Tu as l’air d’avoir l’âme trop fragile, une vraie midinette, tu bascules d’un état d’extase à un état de critique révolutionnaire en l’espace d’un texte. Calme toi, « le révolutionnaire » .

  15. nobo, 7didane, lixy, alibaba: thanks (mais tu trompes lixy, je pourrais en citer des dizaines dont je suis très loin d’atteindre le niveau).

    abenyusuf: je ne connaissais pas ce pamphlet. Il y a boire et àmanger chez Le Clézio, et Assouline a raison de relever les lieux communs dans son discours de réception du Nobel (même si Assouline est le premier à reconnaître que rares sont les discours de ce type à être resté dans les mémoires). Néanmoins, si on juge Le Clézio sur ses déclarations sur le colonialisme, il est beaucoup plus net et ferme que beaucoup d’autres écrivains, journalistes ou débatteurs français (je sais, la concurrence sur ce point précis n’est pas des plus vivaces). J’ai du mal à comprendre comment on peut le décrire comme le robinet d’eau tiède qu’il n’est pas – songeons seulement à sa charge contre l’anthropologie ou contre Huntington.

    Abdel: une des raisons pour lesquelles j’ai le temps d’écrire des posts c’est par exemple que je ne laisse pas trois commentaires d’au total 29 lignes en quelques heures, dont deux en dix minutes, sur un blog pour lequel j’éprouve une vive antipathie, chacun des commentaires étant par ailleurs hors-sujet. Si tu as des lumières à nous faire partager sur Le Clézio, bienvenu, sinon va somatiser ailleurs.

  16. Conclusion :
    Ibnkafka est-il un être humain ou un androïde parfait, à la fois juriste, époux, papa, blogueur, regardeur de docu sur Che Guevara, lisant Le Clezio, assistant à des conférences de Pascal Bruckner, se déchainant contre Pierre Assouline, etc, etc, etc, etc….?

  17. ik : « Abdel: une des raisons pour lesquelles j’ai le temps d’écrire des posts c’est par exemple que je ne laisse pas trois commentaires d’au total 29 lignes en quelques heures, dont deux en dix minutes, sur un blog pour lequel j’éprouve une vive antipathie, chacun des commentaires étant par ailleurs hors-sujet. Si tu as des lumières à nous faire partager sur Le Clézio, bienvenu, sinon va somatiser ailleurs. »

    Quel acrobate, tout ça , pour ça ! c’est du sport de fonctionnaire. Je somatise ailleurs, il se trouve que lixy ait mis le doigt sur quelque chose qui m’interpellé et j’ai saisi l’occasion.
    Tu aimes bien les groupies ( c’est le mal de chez nous : d’où les votes à 99.99999% que je le crois, souvent, il doit être vrai) , je n’en ferai pas partie. Tu m’invites faire partager mes lumières sur Le Clézio . Je pense que l’invitation vaut pour l’ensemble des interventions : il n’y en a pas une qui a apporté sa « lumière » sur Le Clezio sinon t’ensencer . Bonne continuation . Et bon sport .

  18. Tu préfères regarder le doigt plutôt que la lune, continues à le faire comme tu le fais si abondamment ailleurs, le fin fond de l’histoire étant que tu n’as pas digéré que je te contredise lors d’un obscur échange de commentaires il y a plusieurs mois sur une question tellement importante que je l’ai oubliée.

  19. Ibnkafka, si c’est pour répondre à Abdel et m’ignorer, moi ta plus fervente des groupies, je préfère encore que tu nous concocte le prochain billet!

  20. Ik : j’en parlerai à Assouline, qui est mon voisin – véridique- il saura me confirmer si la lune n’ést pas ma tasse thè à laquelle je préfererai le doigt !

    Quant à appeler « traiter le 1er commentaire de quelqu’un d’idiot » une contradiction; permet moi de ne pas être d’accord. Mais cela ne m’empêche pas de dormir . Je n’en tiens compte non plus dans mes commentaires. Je me méfie de la haine tout comme de l’idolaterie. Sur ce , bonne nuit .

  21. @Abdel
    Moi groupie ? 😀

    J’ai dit bel article car il a fait ce que je voulais faire il y a 2 mois ici http://www.7didane.org/2008/10/10/le-prix-nobel-pour-jmg-le-clezio-au-dela-de-son-passeport-un-humaniste-avide-de-rencontres/

    Le 10/10/2008.

    Mais comme chacun le sait, 7didane est la paresse incarnée !

    Si je faisais l’économie des commentaires débiles que je débite, je publierai forcement un de ces articles d’Ibn Kafka. Faut juste avoir quoi publier, c’est tout.

    @Ibn Kafka
    7didane qui se la pete et pas groupie du tout :p

  22. Merci IK !
    Grâce à ton billet je viens d’acheter le Roman « Désert », j’espère que ça sera bien!

  23. @Abdel: Tu fait de ce qui doit rester un argument sur le fond, une histoire personnelle (en jugeant mon âme ou en spéculant sur les finances de Kafka).

    C’est très simple: le maitre a clairement passe des heures a compiler ce texte pour nous le mettre en ligne un 10 Décembre. Le texte est d’excellente qualité, informatif, drôle et analytique. Cela vaut bien quelques encouragements. D’autant plus lorsque l’on voit la qualité de ce qui est débité sur les blogs Marocains.

  24. Quelques jours avant l’attribution du Prix Nobel à Le Clezio, sur France Culture il a parlé du côté positif de la colonisation …
    J’ai fait des recherches après pour en savoir plus sur la position concernant ce sujet..et je n’ai trouvé que des déclarations comdamnant le colonialisme. Du couip, je me demande pkoi ces mots sur France Culture.

  25. @lixy : « Tu fait de ce qui doit rester un argument sur le fond, une histoire personnelle (en jugeant mon âme ou en spéculant sur les finances de Kafka).’

    No comment ! sinon , ce jugement, vrai lui, fait quoi ? sinon sépculer sur mon âme . Il faut savoir se regarder. Tu as des circonstances atténuantes, on ne sort pas d’une mentalité plusieurs fois millinaires comme ça .
    j’en reste là, continue de faire dans la flatterie .. Et bon vent .

  26. Et dans le rôle de l’indigène évolué, je présente Abdel, prompt à se démarquer de ses congénères attardés, serviles, fanatiques, et surtout anti-sionistes, et dont toutes les tares ne sont pas individuelles – l’individu n’existe pas dans leur culture, n’est-ce pas – mais le simple résultat d’un atavisme ethnico-religieux millénaire duquel notre héros à réussi à s’extraire après d’héroïques efforts sur lui-même, efforts qu’il regrette devoir constater ne pas être à la portée de ses ex-compagnons d’infortune. Clap, clap, clap!

  27. Snif snif snif…

  28. @abdel
    Bravo !
    Tu viens de gagner la médaille du Mérite avec grade « Tu n’es pas comme eux ».

    Félicitations du jury 😀

  29. 7didane: pas mal, ce prix! Sérieux, il faudrait se réunir pour en décerner un pour 2008… Entre Rachida Dati, Fadela Amara et quelques autres postulants moins connus, la concurrence est rude…

  30. Merci pour le post..
    Juste une petite remarque (à confirmer parce que ma seule source est orale): A ce qu’il parait, la tribu des aroussiyine du Sahara est issue, comme son nom l’indique, de la tribu « beni arousse » installé au nord du Maroc, entre Tetouan et Larache, à côté du sanctuaire de Moulay Abdessalam Ben Mchich.
    Mon oncle (ma famille est originaire de cette tribu..) m’avait raconté il y a quelques année l’histoire de cette migration, et comment cette tribu organise annuellement des pèlerinages au sanctuaire de Moulay Abdessalam.
    Je me demande si ce détail a-t-il été pris en compte dans le résolution u tribunal de La Haye? 😉

  31. Lhaj Cauchy, L’exemple de dizaines de tribus marocaines est significatif de cette interpénétration du Nord au Sud du pays : Rguibat, Aït Bou Sbaâ…
    Quant à ton info sur les Aroussiyin, elle est à 100% attestée par les historiens arabes.

  32. « ibnkafka, sur décembre 12th, 2008 à 8:35 Dit:
    7didane: pas mal, ce prix! Sérieux, il faudrait se réunir pour en décerner un pour 2008… Entre Rachida Dati, Fadela Amara et quelques autres postulants moins connus, la concurrence est rude… »

    chiche, fais le . je te collerai un procés au Q et tu verras tes privilèges de planqué de fonctionnaire sauter. On verra si tu auras le temps de faire l’intello à 2 balles entouré de sa court .

  33. « 7didane, sur décembre 12th, 2008 à 4:58 Dit:
    @abdel
    Bravo !
    Tu viens de gagner la médaille du Mérite avec grade “Tu n’es pas comme eux”.

    Félicitations du jury  »

    Que du bonheur. Les vrais débats sont ailleurs, au Maroc par exemple . Faire dans la revue de presse et du commentaire d’un ailleurs en prenant pour matière sa propre création de cet ailleurs, n’a rien d’excitant. ni valorisant . Demande à ton philo-juriste-foure-tout ce qu’il fait et ses liens avec cet occident honni ! tu seras surpris .

  34. Abdel, on a pas fait les bordels de Bretagne ensemble pour que tu uses de ce ton… Bats-toi avec tes fantômes, tes fantasmes et tes complexes et laisse les adultes entre eux.

    PS: un procès pour quoi au fait, lèse-majesté?

  35. Great post. Thanks a lot for it.

  36. on nous a donné le livre a lire au lycee et on doit faire une analyse complete de l’oeuvre
    sauf que quand j’ai commencé a lire je l’ai trouvé ininteressant
    du coup j’ai eu un zero pour mon exposé
    trop injutse 😥
    bref je trouve que le livre est super bien écrit
    mais que l’histoire est débile
    desolee

  37. Le livre de Le Clezio, Desert, depasse de beaucoup le debat anti-colonialiste. C’est une metaphore pour la vie, pour l’errance sans but precis de l’homme, une quete metaphysique ou s’allie les grandes religions du monde: Bouddhisme, Islam, Judaisme et Christianisme. C’est un TRES grand livre, difficile mais profond.
    M.-H. Davies

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