Olivier Roy, un conseiller du Prince et de la Maison Blanche

J’ai terminé il y a quelques semaines la lecture du dernier opus d’Olivier Roy, « Le croissant et le chaos« , paru chez Hachette en 2007. Ce spécialiste de l’Afghanistan a par la suite étendu son travail de recherche au thème de l’islam politique, qui l’occupe depuis. Il fait partie du quator des « islamologues » (je déteste cette expression, tout comme celle de politologue, mais l’utilise par paresse intellectuelle) français – avec François Burgat, Gilles Kepel et Bruno Etienne – les plus connus (1).

Gilles Kepel est celui d’entre eux ayant l’impact médiatique et politique le plus important, en France du moins: membre de la commission Stasi sur la laïcité ayant recommandé l’interdiction du voile à l’école publique (2), il a par la suite assuré le service après-vente de cette loi scélérate, et par extension du prétendu modèle français d’intégration (ce devrait être une blague, mais malheureusement ça ne l’est pas), entraînant ainsi une confusion regrettable – pour lui surtout – entre le rôle d’universitaire et celui d’attaché de presse du gouvernement de son pays. Je l’ai cependant récemment trouvé moins partisan que depuis sa mauvaise passe lors de l’interdiction du voile.

Olivier Roy est dans la même catégorie médiatique que Kepel: fort présent dans les médias français, il l’est également – peut-être même un peu plus que Kepel, mais ce n’est qu’une impression, car ce dernier n’en est pas absent – dans les médias étrangers, c’est-à-dire anglo-saxons. Mais peut-être est-il en passe de lui souffler le rôle de conseiller ou de mentor du Prince auquel aspirerait Gilles Kepel, qui se verrait bien en tant que Bernard Lewis français. En effet, à la lecture du livre en question, j’apprends qu’Olivier Roy a été invité par la Maison-Blanche et par Paul Wolfowitz afin de leur faire part de son analyse suite aux attentats du 11 septembre. Voici ce qu’il en dit lui-même dans son livre:

Début novembre 2001, je fus reçu à Washington par Paul Wolfowitz, alors secrétaire d’Etat adjoint à la défense. La discussion porta uniquement sur les conditions concrètes de l’intervention en Afghanistan (que je soutenais). En me raccompagnant, il me dit: « – Je crains cependant que cette affaire d’Afghanistan ne nous éloigne de notre véritable objectif. – C’est-à-dire? – L’Irak, bien sûr! ». Tout était dit: les Américains sont intervenus en Afghanistan pour une raison purement conjoncturelle, parce que Ben Laden s’y trouvait. Mais ils n’avaient aucune vision à long terme de l’ensemble Afghanistan-Pakistan-Asie Centrale. C’était cohérent avec le fait que l’Afghanistan n’a jamais intéressé Washington que négativement: contre les Soviétiques puis contre Ben Laden. (page 23, note 1)

Cette rencontre avec des officiels d’un gouvernement préparant une guerre, auquel l’universitaire Olivier Roy fournit ses conseils avisés, ne fût pas la dernière, puisqu’il a assisté à un briefing d’un conseiller du gouvernement israëlien:

En février 2003, j’ai assisté à un briefing donné par Dan Meridor, à l’époque conseiller pour les affaires stratégiques du gouvernement d’Ariel Sharon. Son analyse était très claire (je résume ce que j’en ai retenu): aucun régime arabe, y compris l’Irak de Saddam Hussein, n’est une menace stratégique pour Israël; la menace, c’est l’Iran, du fait de son programme nucléaire; une intervention militaire américaine contre Saddam Hussein est politiquement souhaitable car elle implique encore plus les Américains au Moyen-Orient, et c’est bon pour Israël, mais elle est stratégiquement risquée, car elle rendra les Américains dépendants de leur relation avec l’Iran et les limitera dans leur capacité de frappe sur la république islamique. (page 34, note 1)

Ces révélations me gènent. Reconnaissons cependant qu’Olivier Roy a le mérite de la franchise – je suis certain que d’autres universitaires, spécialistes de zones de troubles ou de matières liées à des opérations sécuritaires, sont également utilisés en tant que conseillers par des gouvernements, entretenant ainsi la longue tradition de relations incestueuses entre monde universitaire et de la recherche et appareil sécuritaire et militaire de l’Etat. De ce côté là, Kepel, de par sa participation publique à la Commission Stasi, n’est pas non plus un clandestin de l’appareil gouvernemental français.

Ma gène est tout d’abord vive à l’encontre de quiconque est convoqué par le gouvernement d’un Etat agresseur pour lui donner conseil en privé – imagine-t-on l’esclandre si tel ou tel universitaire français racontait ses rencontres privées avec ministres russes ou conseillers politiques chinois pour les conseiller officieusement sur la meilleure façon de combattre la résistance tchétchène ou tibétaine? C’est bien évidemment, comme l’a expliqué Noam Chomsky dans un de ses récents ouvrages – « What we say goes » – que le même comportement qui vaut dénonciation s’il est le fait d’un gouvernement désigné comme ennemi des Etats-Unis est considéré comme normal s’il est le fait des Etats-Unis ou de leurs alliés.

Ma gène est avivée par son soutien à l’invasion étatsunienne de l’Afghanistan: il est vrai que cette invasion, contrairement à celle de l’Irak, a bénéficié d’un très large soutien international et présentait au moins un lien plausible avec les attentats du 11 septembre. On peut cependant se demander, au vu du droit international public et notamment des articles 2.4, 42 et 51 de la Charte des Nations-Unies, si cette invasion était légale – et cette interrogation est renforcée par deux décisions postérieures rendues par la Cour internationale de justice (CIJ): la première, en date du 6 novembre 2003 dans le différend dit des Plateformes pétrolières opposant l’Iran aux Etats-Unis, à la suite de laquelle la CIJ a souligné le caractère primordial des critères de nécessité et de proportionnalité de la légitime défense invoquée par un Etat contre une agression d’un autre Etat. En l’occurence, dès lors que le régime des Talibans (no friends of mine btw) avait discuté l’extradition de Ben Laden vers les Etats-Unis ou un Etat allié de ceux-ci, et s’était finalement résigné à l’extrader inconditionnellement. Dès lors, une action militaire n’aurait plus été nécessaire pour mettre fin à l’activité d’Al Qaïda sur le territoire afghan. Et il convient de souligner que les résolutions 1368 et 1373 du Conseil de sécurité de l’ONU prises après le 11 septembre, si elles réaffirmaient le droit à la légitime défense individuelle et collective, ne donnait aucun mandat aux Etats-Unis pour utiliser la force militaire en Afghanistan sur la base de l’article 41 de la Charte des Nations-Unies.

La deuxième décision de la CIJ affaiblissant la thèse étatsunienne justifiant l’agression militaire contre l’Afghanistan est celle des Conséquences juridiques de l’édification d’un mur dans le territoire palestinien occupé, avis consultatif rendu le 9 juillet 2004 par la CIJ. Dans cet avis, la CIJ a précisé, au point 139, que le droit à la légitime défense, reconnu à l’article 51 de la Charte des Nations-Unies, ne pouvait être invoqué que contre un autre Etat:

L’article 51 de la Charte reconnaît ainsi l’existence d’un droit naturel de légitime défense en cas d’agression armée par un Etat contre un autre Etat. Toutefois, Israël ne prétend pas que les violences dont il est victime soient imputables à un Etat étranger.

Dans le cas du 11 septembre, il est douteux que les attentats en question puissent être imputés aux Talibans. L’invocation de l’article 51 de la Charte des Nations-Unies, seule disposition pouvant légitimer l’action militaire étatsunienne contre l’Afghanistan en l’absence d’autorisation donnée par le Conseil de Sécurité, semble dès lors contestable. Dès lors, la légalité de cette guerre – outre l’enlisement actuel, sept ans après le commencement de l’action militaire en Afghanistan – est plus que douteuse – sans que cela trouble notre conseiller du Prince, Olivier Roy, qui réitère à plusieurs reprises dans ce livre son soutien à cette guerre.

Qu’en penser finalement? Je reconnais à Olivier Roy, outre une compétence universitaire indéniable – même chose d’ailleurs pour Gilles Kepel, dont j’ai apprécié « Le prophète et Pharaon » ainsi que « La revanche de Dieu » – une indépendance d’esprit bien réelle: je me rappelle ainsi de sa prestation il y a quelques semaines chez Taddeï où il était confronté à un duo de « géostratèges » (quelle titre ridicule, au moins aussi ridicule que politologue), François Heisbourg et Bruno Tertrais, qui en voulaient terriblement aux services de renseignement étatsuniens pour avoir déclaré qu’aucune preuve existait que l’Iran tentait d’acquérir l’arme nucléaire – il s’opposait à leur bellicisme d’autant plus répugnant qu’il s’agissait d’armchair warmongering. Je ne lui connais pas de prises de position particulières lors de l’hystérie politique qui saisissa la France en 2003-2004.

Mais son implication auprès du gouvernement étatsunien, et son soutien à leur guerre et occupation afghane, traduisent ce que tant de penseurs ont dénoncé, de Noam Chomsky à Edward Saïd en passant par Pierre Bourdieu et Paul Pascon, à savoir l’inextricable enchevétrement, chez de nombreux chercheurs, universitaires, « politologues », sociologues, juristes, professeurs, philosophes (vrais ou « nouveaux »), entre savoir et pouvoir. Reprenons un texte du sociologue marocain Paul Pascon, « Le rapport « secret » d’Edmond Doutté » (Hérodote n°11, 1978, pp. 132-158):

Que les aventuriers, voyageurs, ethnographes, sociologues et autres spécialistes des sciences humaines aient servi leurs pays comme les autres intellectuels, qui s’en étonnera (…)? Les Etats-Unis et certains chercheurs américains ont pris le relais. On connaît les « jeux politiques et militaires » développés conjointement par le Centre des études internationales du Massachusetts Institute of Technology, la C.I.A., la Rand Corporation et le Département de la défense des U.S.A. (…)

Un scénario comparable a été étudié à la fin de l’année 1968 sous le nom de Conex, concernant une éventuelle crise et déstabilisation entre le Maroc et l’Algérie à propos du Sahara, sous la responsabilité du professeur Lincoln Bloomfield, du M.I.T., avec l’aide du professeur William Zartman, de l’Université de New York. Des militaires et des agents spéciaux du ministère de la Défense ont été associés au montage du scénario. Des chercheurs et universitaires américains ayant travaillé au Maroc ont été consultés, l’un d’eux a été amené à participer au « jeu ». Une relation partielle de cette affaire a été donnée par Jim Paul sous le titre « Games imperialists play » dans la revue MERIP Reports, n° 45, mars 1976.

Plus ça change…

(1) Dans ce champ de recherche, il y a bien évidemment d’autres noms, mais ils sont soit moins connus (Jocelyne Césari, Franck Frégosi, Pierre-Jean Luizard) soit plus spécialisés dans une thématique donnée (l’islam de France pour Vincent Geisser par exemple). Et j’écarte du lot les historiens du Maghreb (Daniel Rivet ou Charles-Robert Ageron par exemple) ou du Moyen-Orient (Henry Laurens) qui ne sont pas des politologues.

(2) Voir l’analyse critique d’Alain Gresh et celle d’Eric Vandorpe, ainsi que le témoignage de l’historien protestant Jean Baubérot, membre de cette commission et le seul à s’être réservé contre l’interdiction des signes religieux ostentatoires (circonlocution française désignant le foulard islamique). Pour un plaidoyer pro domo, voir l’interview du rapporteur, Rémy Schwartz, droit dans ses bottes.

20 Réponses

  1. C’est qu’ils ont lu et bien assimilé l’oeuvre de Machiavel « Le prince ». Bien que je ne sois pas sure (!) que les faucons de l’administration Busch aient entendu parler de ce livre alors le lire …

    Je pense que ces « conseillers » d’un genre spécial croient participer voire influer sur les affaires du monde. Comme stimulant on avouera volontiers que c’est puissant et jubilatoire !

    —-
    Si ce n’est pas trop indiscret et hors sujet par rapport à l’objet de ce billet , j’aimerai avoir ton billet sur la question du voile dans les écoles publiques françaises.

  2. Pardon, je voulais écrire avoir ton avis.

  3. La question du voile dans les écoles publiques françaises? Si je parle de la loi d’interdiction comme d’une loi scélérate, tu peux sans doute deviner ma position… En fait, je suis radicalement contre.

  4. Le billet est assez long ! Je ne m’en plains pas 🙂 Mais disant que j’ai zapé l’adjectif « scélérate ».

    On est d’accord que s’obstiner à interdire à des filles d’aller en école parce qu’elles portent le voile est un acte scélérate. Mais, de notre côté aussi pourquoi cette obstination à prendre tjrs les choses de face ? Je me suis posée cette question quand cette affaire de voile a éclaté. D’autres communautés avant nous ont dû s’adapter au « cas français ».
    A ce sujet, je suis l’affaire des étudiants Sikhs histoire de voir ce qu’il en ressortira.

  5. @ la marocaine

    « D’autres communautés avant nous ont dû s’adapter au “cas français” ».

    Euuuh, je crois que les mots « communautés », « nous » et « adapter » sont de trop.
    Il ne faut pas oublier qu’il s’agit de Françaises 😉

  6. @ la voilée,
    Je ne nie pas aux françaises de confession musulmane leur appartenance à ce pays. Loin de moi l’idée.
    J’ai utilisé ces mots à défaut d’avoir trouvé d’autres.
    Alors pour éclaircir mes propos, je voulais dire que l’islam compte parmi les religions les plus récentes en France. D’autres avant lui principalement le judaisme a dû s’accomoder des particularités françaises. Et ce, à ma connaissance, sans faire trop de vagues. D’où mon questionnement. Bien que comme on le sait tous, les deux religions ont des trajectoires différentes. Ceci expliquerait -il cela ?

    @ ibn kafka,
    Navrée pour le hors sujet. Je sors et je ne reviens qu’avec un mot d’excuse 😉 🙂

  7. Ne pas faire de vagues…

    tel était le mot d’ordre de la plupart des pères des jeunes filles que l’on a dévoilé de force après la promulgation de cette loi inique (et le mot est faible), ces mêmes pères qu’on a accusé de rigorisme, de phallocratie, etc. Ces pères, je les excuse, parce qu’ils ont la mentalité du « bled ». Ce sont des campagnards, des illettrés devenus ouvriers, tétanisés depuis leur tendre enfance par le « Makhzen » (je fais rapide). Cette peur, alors qu’ils étaient à des kilomètres du bled, a été intériorisée et transmise sans le vouloir à leurs enfants.

    Par contre toi, tu as grandi et étudié au Maroc. Tu vis en France, et sache que tes propos me heurtent profondément…

  8. Nier farouchement les rapports étroits entre le pouvoir et la construction du savoir (comme le font les plus hystériques des ennemis d’Edward Saïd, dont tu parlais il y a peu), est tout à fait inutile. D’autre part, les intellectuels ont une vraie fascination pour le pouvoir. Le travail d’intellectuel est très frustrant, c’est dur, usant, ça bouffe la vie, et on se demande souvent à quoi ça sert. Eh bien, quand on est reçu à la Maison-Blanche, ou à l’Elysée, ou au Mechouar, on pense qu’on sait à quoi sert tout ce travail. Je pense que le fait qu’Olivier Roy parle ouvertement de ces rencontres est à mettre à son crédit. Son point de vue sur l’Afghanistan, c’est autre chose.

  9. une marocaine: tes remarques ne me semblent pas du tout convaincantes. Les autres religions présentes en France ont un statut privilégié – de jure ou de facto – par rapport à l’islam, ne serait-ce que par l’existence de nombreuses écoles confessionnelles cathos, protestantes et juives financées par l’Etat – on notera au passage l’extraordinaire cartésianisme de cette laïcité qui interdit à des écolières de porter le voile à l’école publique mais autorise l’Etat de financer des écoles confessionnelles…

    Et Bint Foucault a parfaitement raison: si on peut comprendre que des étrangers musulmans soient résignés et contents de ce que l’Etat français veut bien leur donner dans sa grande mansuétude, on peut également comprendre que des Français musulmans réclament et mettent en oeuvre une citoyenneté à part entière, y compris à l’encontre de l’opinion dominante.

  10. sanaa: effectivement, sa transparence est à mettre à son crédit. Combien de ses collègues taisent leurs conseils intéressés? Sur l’Afghanistan, c’est tout de même génant – imagine une sommité sur la Chine ou la Russie soutenant la politique chinoise au Tibet ou Russe en Tchétchénie, et donnant des conseils aux dirigeants de ces pays…

  11. Des conseils, c’est peut-être trop dire. Je dirais plutôt une réunion de travail pour que les décideurs n’aient pas à lire les ouvrages des intellectuels en question, qui se flattent certainement lorsqu’ils croient influencer la politique mondiale.

    Je suis d’accord avec toi sur l’Afghanstan. Mais sans vouloir sonder les reins et le cœur d’Olivier Roy, il me semble que certains critiques de la guerre d’Iraq se sentent obligés de préciser qu’ils ont soutenu la guerre d’Afghanistan comme pour dire: nous ne sommes pas des anti-occidentaux primaires et enragés, nous soutenons les bonnes guerres et sommes contre les mauvaises. Le problème c’est les raisons qu’ils affichent pour leur soutien.

    A mon avis, la meilleure défense de la guerre d’Afghanistan vient d’un point de vue de RealPolitik,qui je le reconnais n’est pas défendable moralement: les attaques du 11 septembre étaient tellement spectaculaires, tellement hors du commun, tellement fulgurantes, que les US DEVAIENT répondre militairement. C’est pour cela d’ailleurs que l’enlisement tant en Afghanistan qu’en Iraq est si dommageable pour la réputation de l’Amérique, à mon avis. En regard de cet enlisement, je dois reconnaître qu’une réaction magnanime et juridique aurait pu être une bien meilleure politique. Mais à l’époque, qui pensait que l’Amérique était incapable de remporter des victoires décisives contre des pays de cinquième catégorie, laminés par des années de guerre et/ou de sanctions?

  12. @ Ibn Kafka & la voilée,
    N’allons pas trop vite ! Je n’ai pas remis en cause l’idée que cette loi soit scélérate. Bien au contraire, et je l’ai dit depuis le premier com.

    Ce que je discutais et ce qui m’avait intrigué dans cette affaire de voile c’est la forme (le « comment ») avec laquelle les musulmans qui ont pris la parole ont traité cette affaire.

    On est d’accord que :
    . Les écoles privées sous contrat sont largement financées par l’Etat et sont dans leur immense majorité des écoles catholiques. Les musulmans (plus de 4 millions en France) n’en possèdent qu’une seule.
    . Les églises affectées au culte catholique construites avant la loi de 1905 demeurent propriétés de l’Etat, des départements et des communes, et sont entretenues et réparées sur fonds publics.
    . En outre, la loi de juillet 1987 prévoit des exonérations fiscales pour les dons consentis aux associations cultuelles et aux associations diocésaines. Dans la pratique, la disposition bénéficie essentiellement à l’Eglise catholique.

    Ibn Kafka tu disais que « on peut également comprendre que des Français musulmans réclament et mettent en oeuvre une citoyenneté à part entière, y compris à l’encontre de l’opinion dominante. »
    Je suis au regret de constater, et peut être que des choses m’échappent, qu’après le tollé autour de cette loi rien n’a changé on continue d’interdire aux filles voilées de poursuivre leurs études. Mieux encore, l’image des femmes voilées qui n’était pas à la base « positive » (une façon de dire les choses) s’est encore détériorée. Je me demande qu’est ce qu’on a gagné au juste en dehors de braquer tout le monde ?!
    Pour résumer les choses, j’aurais préféré que les musulmans vivant en France qui ont pris la parole lors de cette affaire l’aient joué plus subtil et plus malin que ça. That’s all.

    PS : @ la voilée : navrée que ce que tu as compris de mes propos t’ait choqué. Ce n’était pas le but.
    PS : @ Ibn Kafka : Pour ma part je ne suis ni résignée ni contente de ce que l’Etat français donne dans sa grande mansuétude aux musulmans. Bien au contraire. Mes les officiels de l’islam en France me donne des maux de tête quand je les entends parler. Tjrs pour ma part, je trouve qu’ils font plus de dégâts que les « injustices » de l’Etat français.
    Ce que je dis n’engage que moi cela va de soi.

  13. @une marocaine

    « Pour résumer les choses, j’aurais préféré que les musulmans vivant en France qui ont pris la parole lors de cette affaire l’aient joué plus subtil et plus malin que ça. »

    Mais je pense que c’est là le fond du problème. A-t-on donné la parole à toutes ces femmes ?
    Personnellement, j’en doute fortement. L’espace médiatique a été polluée par des insectuels ou des femmes ayant vécu de dures expériences mais qui généralisaient leur vécu sur toutes les femmes musulamanes.
    Comme si une Iranienne est une libanaise, une marocaine ou une française.

    Bref, je t’invite à lire cette note de lecture de Mona Chollet http://www.peripheries.net/article318.html

    Ayoub

  14. @une Marocaine : Le « tollé » autour de la loi a été plus que limité, et je ne pense pas que ce soient les réactions de musulmans qui aient « braqué tout le monde » — tout le monde était déjà vachement bien braqué…

    Pour en revenir à Roy, qu’il conseille directement la Maison Blanche c’est simplement une promotion. Ce monsieur est invité régulièrement au Bilderberg depuis les années 80 pour faire part de ses analyses à la crème du fin du fin du nec plus ultra du haut du panier de l’aristocratie. Son interviou dans Rencontres au sommet ( http://laltiplano.fr/ouvrages/rencontresausommet.php ) montre bien qu’il n’est pas non plus dupe du rôle qu’il joue, et des gratifications qu’il y trouve au niveau du prestige (et du carnet d’adresses).

  15. @ Cobab,
    Raison de plus de la jouer plus finemet, plus subtilement et avec doigte.

    Et si tu me permets juste une interrogation qui ne te vise pas personnellement (comment l’oserai-je ?). C’ est plutot une interrogation resultante de bp debats sur les blogs :

    Quand est-ce qu’on pourra parler d’un sujet qui touche l’islam et les musulmans :
    1- sans que les responsables soient les autres. Ce qui ne veut pas dire qu’en tant que musulmans on soit responable de tout et tout le temps !
    2- prendre un peu de recul pour justement voir ce qui releve de notre ressort, donc on peut agir dessus, et ce qui nous depasse et donc chercher moyen de faire avec en attendant de le maitriser.

    @ ayoub,
    Merci pour le lien. Si tu veux en discuter en long et en large 🙂 lors de ton prochain a Paris. J’ai fait assez de hors de sujet sur ce billet !

  16. @Une Marocaine :

    Dans le cas précis de la loi sur le voile, avec l’ambiance proprement hystérique qui a caractérisé cette attaque frontale et concertée en provenance de l’ensemble du champ politique, je ne vois vraiment pas comment on pouvait agir « finement, subtilement, et avec doigté ». Le simple énoncé du moindre doute sur l’opportunité de cette loi déchaînait aussitôt des torrents d’insultes, voire des agressions physiques.

  17. Sur l’interdiction du voile: Inutile de préciser que je suis de l’avis d’Ayoub et Cobab.

    une marocaine, la voilée: Je serais plutôt d’avis de la voilée – je me demande si la position « pas de vagues » n’est pas propre aux immigrés, les Européens musulmans ayant plutôt tendance à revendiquer leurs droits au même titre que leurs concitoyens.

    Sanaa: ton raisonnement est exact, dans le sens où c’est celui qui a été tenu majoritairement – le soutien à l’attaque de l’Afghanistan a été mû par la volonté d’^étre du côté d’un pouvoir qui semblait irrésistible, position qui permettait de faire entendre des réserves ou des critiques sur l’Irak ou la Palestine. Ca me rappelle ce qu’a écrit Chomsky sur le Vietnam, à savoir que bcp de gens n’étaient pas contre la guerre du Vietnam, mais contre l’enlisement US au Vietnam.

  18. Marocaine, les juives loubavitch nottament se rasent le crâne et mettent une perruque par-dessus. Pour sûr, ça ne fait pas de vagues, surout que les juifs ont des écoles juives. Les musulmans n’ont qu’à attendre 2000 ans!

    Au fait, la France est un Etat laïc chrétien. S’il avait un minimum de cohérence avec lui-même, il bannirait les fêtes religieuses chrétiennes du calendrier des écoles.
    Bref, cette loi sur le voile est une atteinte aux libertés individuelles et une discrimination religieuse qui n’a aucune explication que l’expression d’une islamophobie ordinaire.

  19. […] sociologue marocain Paul Pascon Publié le juillet 28, 2008 par ibnkafka J’ai déjà cité, à quelques reprises, le célèbre sociologue marocain Paul Pascon. Je viens de découvrir, avec […]

  20. merci pour ton article, très instructif. On nous avait pas dit en novembre pour sa pige chez W quand le poète Roy faisait l’unanimité auprès des bobos de l’est parisien… – « islamisation de la radicalité », rue d’Ulm ils s’en sont toujours pas remis de celle-là.
    TBF, jai jamais lu Kepel et quil ait ecrit des livres pas mal je te crois sur parole. Par contre 1/ appeler son attitude chez Taddei « indépendance d’esprit » alors qu’à côté ce sont des idéologues de l’OTAN au placard, c’est assez généreux je trouve – mais passons. 2/ certes le prestige médiatique pour les universitaires fra ne pousse plus dans les arbres, surtout 30 ans après la dernière parution des Temps modernes (il faut lire la préface à l’édition anglaise d’Homo academicus à ce sujet si t’as l’occaz!). Mais précisement, le pôle hétéronome (le point de moindre resistance comme dit bourdieu) du champ intellectuel se caractérise de ce que les réputations s’y font et defont beaucoup plus vite. ok, Kepel a 30 ans de bouquins sur l’islam politique derrière lui, mais est-ce que ca suffit à en faireET une figure médiatique de premier plan ET une voix capable d’exprimer des positions réellement alternatives (pensons aux déclarations de Sartre sur l’Algérie ou même la RAF). Or, outre son objet particulièrement exotique, observe comment il passe du Seuil à Gallimard en 2000 juste avant d’être nommé prof à Sc Po: pas trop les moyens de dvlp ici, mais ca témoigne d’un mode de génération nettement orienté vers/par l’hétéronomie. Surtout, et les consommateurs de biens culturels legitimes semblent trop souvent l’ignorer, cest la présence à la radio et sur plateaux télé qui font le hit parade aujourd’hui: je me souviens que fin 2014 Finkielkraut cite Kepel comme référence dans un débat high-profile avec Plenel, mais le qualifie d' »historien » – il n’avait pas du bien lire sa fiche.
    Alors peut-être est-il déjà relativement connu de certains milieux spécialisés, mais il reste que sa dimension post-7 janvier est incomparable. Or je crois comprendre que c’est ce point qui nous intéresse: pensons à Arendt à propos des intellectuels allemands, il faut distinguer les installés avant la guerre (Schmitt est son exemple) de ceux qui n’ont pu que profiter du nazisme pour se faire.
    Bref, ces élucubrations pour dire que les Kepel, Roy, la clique des arabisants et islamologues français, presque tous Sciences Pistes si je ne m’abuse, formés à une époque où l’idée de l’IEP de Paris comme grande école n’aurait pas manqué d’amuser tout le monde rive gauche, ont une marge de manœuvre qui est objectivement nulle.

    PS: …et juste, quand on voit le niveau des loukoums invités par ailleurs (du pseudo expert renseignement au journaliste d’investigation wikipedia, en passant par le « musulman exemplaire » péché dans on ne sait trop quel bocal de l’institut d’études levinassiennes) on se dit que ton niveau d’arabe comme critérium n’est probablement pas le souci ultime des gate-keepers médiatiques.

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